Eteindre le poste. Fermer les yeux. Laisser une impression d’ensemble s’imposer. Les longues minutes du débat télévisé dégagent, en se décantant, une bien étrange impression de cours d’école et de village gaulois.
C’est un peu comme si les dérapages du festin final commençaient avant la bataille.
On voit comment les détestations partisanes succèdent auxdébats féroces sur des éléments partiels, sentimentaux ou exagérément créatifs de mesures potentielles. Nulle vision des tempéraments, seule approche pourtant qui, dans le métier politique comme ailleurs, garantit la réalité du comportement dans les dangers à venir.
L’image des héros d’Astérix est utile à rendre l’ambiance qui émerge des débats. Puisons à ce réservoir de personnages pour décrire, un peu plus sérieusement, la personnalité profonde de nos candidats.
Marine Le PEN c’est Bonemine, l’épouse à poigne.
Moteur : relationnel ; Energie : en réaction. Type : vendeuse « éleveuse »
Derrière la puissance de la charge, il y a une quête sourde de relation. Elle tient le cap de ses convictions mais peut se montrer, malgré son ouverture large à des collaborateurs variés, radicale et imprévisible dans sa gestion de l’allégeance affective qu’elle demande à son entourage.
François FILLON c’est Alambix, l’ombrageux auvergnat.
Moteur : managérial ; Energie : en réaction. Type : Bras droit « opérations ».
Il y a chez ce caractère froid un sens et un souci de l’action, qui s’est exprimé notamment dans les primaires et au Trocadéro. Pour autant François Fillon fonctionne comme un second. Sa zone de confort c’est la mise en œuvre. Sa vision se construit de manière collaborative davantage que selon une élaboration intime et personnelle. On le sent fragile dans la construction des alliances et la gestion des influences.
Emmanuel MACRON c’est Tragicomix, le beau gosse oxymore.
Moteur : cérébral ; Energie : en réaction. Type : consultant animateur.
L’énergie et l’apparence sont séduisantes mais le discours est aléatoire. Emmanuel Macron sait générer du débat mais ne sait pas lui donner un débouché cohérent et concret. Il veut ratisser large, cherche à concilier l’inconciliable, joue un lyrisme qui éloigne son discours d’une articulation possible sur l’action.
Benoît HAMON c’est Assurancetourix, le barde joyeux et dissonant.
Moteur : cérébral ; Energie : en réaction. Type : consultant créatif.
Fors la persécution, Benoît Hamon a du personnage l’entrain et la volonté d’exprimer l’inouï ; il a aussi de son public la fréquente incompréhension. En dehors des cercles initiés de la gauche, les idées formulées provoquent yeux écarquillés et calculs dépités. La réalité ne se réinvente pas, elle s’écoute.
Jean-Luc MELENCHON c’est Cetautomatix, le cogneur boudeur.
Moteur : cérébral ; Energie : en réaction. Type : conseiller spécial.
Il y a de la puissance chez lui, du verbe travaillé, des fulgurances aussi. Mais le tout sert la volonté de sublimer des idées davantage que d’épouser une réalité. Rouge est le cadre idéologique, comme les colères. C’est un conseiller à parfois écouter, pas un pilote à suivre.
Aucun des candidats ne possède une énergie d’impulsion.Le rôle de l’équipe qui doit les entourer en est d’autant plus crucial et sera le marqueur des dérives potentielles.
Définitions :
Moteurs de personnalité :
- Cérébral : Produit d’abord des idées ou de l’expertise, sans intelligence de situation.
- Relationnel : Veut d’abord interagir, créer du lien et de l’échange, avoir sa bande.
- Managérial : Pense à l’action, sait décider
Energie fondamentale :
- Impulsion : Porte une vision personnelle, autonome, « auto-générée ».
- En réaction :Complète et anime celle des autres.