A dix jours du premier tour de l'élection présidentielle, les paris vont bon train dans toutes les rédactions, indépendamment de ce que disent les sondages.
Il est en effet patent que les sondages mesurent seulement l'état de l'opinon a un instant donné, sans que cela n'augure plus en rien de ce qui se passera réellement dans les urnes, le jour du scrutin. Et même si les sondeurs corrigent les résultats de terrain (sachant qu'en guise de terrain, dans un souci d'économies et de rapidité, de plus en plus de sondages sont réalisés exclusivement sur Internet, ce qui n'améliore pas leur qualité statistique), en appliquant leur fameuse "recette maison", il n'en reste pas moins que ces études d'opinion n'intégrent pas tous les paramètres possibles... Car c'est tout bonnement impossible !
Or, dans une campagne tout simplement inédite ou folle, question de point de vue, le paramètre principal à prendre en compte à dix jours du premier tour, c'est le paramètre psychologique. Paramètre qui joue en particulier pour François Fillon, mais pas seulement. C'est ce paramètre qui pourra faire changer d'avis nombre d'électeurs, soit, dans l'isoloir, soit, la veille, quand ils se demanderont s'ils choisiront d'aller à la pêche plutôt que d'aller voter.
Faisons simple : quand François Fillon a déclaré, lors de son meeting de dimanche dernier Porte de Versailles, "je ne vous demande pas de m'aimer, je vous demande de me soutenir", il a sans doute vu juste. A droite, beaucoup d'indécis pourraient finalement se résigner à voter quand même pour François Fillon, le ramdam autour des affaires s'étant éloigné, par pragmatisme. Ce mouvement, cet état d'esprit, est encore absent des mesures d'opinion ? Attendez les sondages des derniers jours... vous verrez Fillon remonter.
Du côté de Marine Le Pen, elle même déclare en petit comité depuis bientôt trois semaines que le seuil de qualification du second tour se situe à 22 %... seuil dont elle assume qu'il s'impose également à elle ! Autrement dit, elle est consciente que ses 27 ou 28 %, dont certains sondages la créditaient à une époque, étaient en partie alimentés par des électeurs de droite décus, pour ne pas dire furieux des affaires Fillon. Elle aussi sait qu'au moment de mettre le bulletin dans l'urne, certains choisiront, contre elle, le vote utile, pour tenter de qualifier le candidat de la "droite parlementaire" au second tour.
Quid d'Emmanuel Macron ? Là, pour le coup, tous les sondages et sondeurs sont unanimes : c'est le candidat à l'électorat le plus fragile, le moins déterminé dans son choix. Autrement dit, quand on lui accorde 25 % des intentions de vote, les intentions réelles ne dépassent pas 17 %. Le reste c'est du "peut-être", qui pourrait bien se transformer en abstention, en vote Hamon, voire, pourquoi pas, en vote Fillon. Peu de transferts à attendre en revanche sur Mélenchon ou Le Pen.
Quant à Jean-Luc Mélenchon justement, ne vous faîtes pas d'illusion. Il remplace opportunément Emmanuel Macron dans les médias, dans le rôle du trublion. Après le jeune premier surprenant, voici le vieux cheval de retour, toujours fringant ! Après la dernière vague d'attentats islamistes un peu partout en Europe, sans compter qu'il peut encore, d'ici à dimanche en huit, en avoir d'autres, il est probable qu'une partie des électeurs que Mélenchon et Le Pen ont en commun fassent au final le choix du candidat de "la France en ordre" plutôt que de "la France insoumise".
Au final, voici mes prévisions à 10 jours du scrutin (jeud 13 avril), qui je l'admet, ne prennent pas beaucoup de risques en plaçant trois candidats à égalité, en dehors de dire que tout reste parfaitement possible pour les trois challengers de Marine Le Pen...
François Fillon 19 %
Benoit Hamon 10 %
Emmanuel Macron 19 %
Jean-Luc Mélenchon 19 %
Marine Le Pen 22 %
Jean-Baptiste Giraud