La juge d'instruction Sabine Kheris a décidé d'entendre le 24 août prochain l'ancienne Garde des Sceaux en vue d’une éventuelle mise en examen dans l'affaire Anticor. Explications.
Christiane Taubira s’est-elle rendue coupable de prise illégale d'intérêts ?
En 2010, l'association Anticor, qui lutte les malversations des responsables politiques, portait plainte contre l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson. L’association lui reprochait d'avoir réalisé, des sondages d'opinion sans respecter les règles de l'appel d'offres, pour le compte de l'ancien président et pour près de 1,4 million d'euros.
Après sa mise en examen en 2012, Patrick Buisson décide alors de porter plainte contre Christiane Taubira qui faisait partie du comité de parrainage d'Anticor, depuis 2006. Une plainte pour « prise illégale d'intérêt », puisqu’en en tant que Garde des Sceaux, elle aurait été à la fois juge et partie. Et il aura fallu attendre juillet 2016 pour que la juge d'instruction Sabine Kheris décide d’entendre Christiane Taubira dans cette affaire.
Des membres de l’association opposés à la présence de la ministre
En octobre 2015, la rédaction de France 3 révélait le contenu de mails échangé entre certains membres de l’association qui voyaient d’un mauvais œil la présence de la ministre dans le comité de parrainage. « Je continue de penser que, permettre à des personnalités politiques membres du gouvernement de faire partie de notre comité de parrainage, c'est se tirer inutilement une balle dans le pied », faisait savoir Suzanne Devallet, membre du bureau.
« Je n’ai rien contre avoir des élus au sein d’Anticor, mais, quand ils rejoignent un gouvernement, leur présence au sein du comité de parrainage devrait être mise automatiquement entre parenthèses », renchérissait Philippe Petit, le trésorier.
Pourquoi la juge d’instruction a autant attendu avant d’entendre Christiane Taubira ? La réponse semble évidente. Gilles-William Goldnadel, avocat de Patrick Buisson n’a cependant pas caché sa satisfaction mais regrette que « la procédure avance si lentement et au forceps ». « Il est aussi dommage que cette convocation arrive au cœur de la trêve estivale », a-t-il ajouté dans les colonnes du Figaro. « Enfin, le fait que cette convocation arrive alors que Christiane Taubira n'est plus ministre de la Justice m'inspire des sentiments mélangés ».