Prises de positions politiques : Ruquier est-il à sa place sur le service public ?

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Par Marine Tertrais Modifié le 3 avril 2017 à 19h02
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Samedi 1er avril, Laurent Ruquier recevait dans son célèbre talk-show « On n’est pas couché » différents candidats à la présidence de la République. Des candidats avec lesquels il a eu certains échanges vifs.

France 2 est une chaîne du service public. Les téléspectateurs pourraient donc s’attendre à une certaine neutralité des journalistes et animateurs qui travaillent sur cette chaîne. Et c’est justement sur cette question de la neutralité que Laurent Ruquier, animateur de l’émission « On n’est pas couché » et le vice-président du Front national Florian Philippot ont débattu samedi soir. « Vous avez toujours dit que vous refusez d’avoir un représentant FN dans votre émission, comme si elle vous appartenait », a attaqué l’élu frontiste. « Le jour où vous arriverez au pouvoir, vous me virerez sans problème », lui a alors rétorqué l’animateur.

Laurent Ruquier peut-il se permettre

Pour tenter de le déstabiliser, Florian Philipot lance : « Vous êtes contre 30 % de vos téléspectateurs ? » « Non, car j’imagine que s’ils n’aiment pas cette émission, ils ne la regardent plus. Il faudrait vraiment qu’ils soient cons, alors », a alors répondu Laurent Ruquier avant d’ajouter : « Est-ce que vous, quand vous aurez vos animateurs en place, car vous les aurez, quand Franck de Lapersonne animera une émission ? Je ne suis pas sûr qu’il plaira à 70 % des autres téléspectateurs. » Franck de Lapersonne est un comédien qui a choisi de soutenir la candidature de Marine Le Pen.

Une allusion qui a poussé le vice-président du FN à attaquer de plus belle : « En prenant cet exemple par l’absurde, vous démontrez donc que les animateurs sont choisis en fonction d’orientations politiques. » Selon lui, si demain un journaliste ou un animateur avouait face caméra qu’il avait voté pour Marine Le Pen, il serait viré.

Problème de pluralisme dans les médias français ?

On ne peut certainement pas le prouver mais force est de constater qu’aucun animateur du service public, ou d’une autre chaîne de télévision privée, ne s’est jamais exprimé en faveur du FN, alors même que Laurent Ruquier a, à de nombreuses reprises, déclaré qu’il avait voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012.

Ce qui est intéressant dans cet échange c’est de constater qu’en France, en effet, il n’existe pas ou peu de pluralisme dans les médias. Cet échange met aussi en lumière le devoir de neutralité des animateurs sur le service public. Les prises de positions politiques sur des chaînes privées ne dérangeraient pas autant et c’est compréhensible dans la mesure où les animateurs qui travaillent sur le service public sont payés avec l’argent du contribuable. La prise de partie semble donc audacieuse pour ne pas dire choquante si on se place du côté des téléspectateurs.

Ce constat, le FN n’est pas le seul à le faire. Philippe Poutou, candidat à l’élection présidentielle, a lui aussi dénoncé le comportement de Laurent Ruquier et de ses chroniqueurs, après son passage dans l’émission : « L’interview s’est déroulée de manière un peu sportive, il y a eu beaucoup d’accrochages. J’ai été un peu secoué. Mais ce que ça montre en fait, c’est qu’ils sont incapables d’interviewer des gens de la même manière. Ils ne traitent pas les candidats de la même manière. Ça montre leur incapacité de discuter politique, de faire en sorte que je puisse défendre mes idées. Ça a été une interview très hostile. » Est-ce normal sur le service public ? Toute la question est là.

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Marine Tertrais est journaliste à Economie Matin depuis 2015, après être passée successivement par Jol Press, et Atlantico.

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