A l’initiative des Nations Unies, une convention ratifiée par le Parlement français fait du 20 novembre la journée internationale de l’enfant.
Le Conseil français des associations pour la défense des droits de l’enfant souligne, dans son rapport, que si 15 millions de mineurs sont plutôt bien traités, il reste des ombres inquiétantes avec plus d’un million d’enfants pauvres, des milliers d’autres mal traités ou qui, pour quitter le système scolaire sans formation, n’ont pas de perspective d’avenir. Le tragique record des suicides est aussi mentionné.
Est-il utile de rappeler ces chiffres concernant l’enfance en souffrance. Les statistiques voilent les visages pour ne mettre en exergue que des grands nombres. Aurions-nous peur de nous confronter au sacré dont Emmanuel Lévinas dit que l’enfant est la représentation la plus excellente. Les enquêtes et sondages ne manquent pas, dénonçant des situations iniques, assassinant l’enfance qui, lorsqu’elle n’est pas honorée, respectée, est signe d’une société qui fuit ses responsabilités. Qu’est-ce que la parole, si elle n’est pas suivie d’actes mettant fin à l’inacceptable. Que pourrait-on changer, si ce n’est soi-même, aux fins de retrouver l’esprit d’enfance, gardien de la pérennité de l’idéal qui, seul, protège du malheur que représente cet ‘à quoi bon’, précipice de l’indifférence et du cynisme.
Je fus touché par Emmanuel Carrère, dans son ouvrage Le Royaume. Ce qu’il croyait être du passé est réveillé par une enfant trisomique, Élodie. « Elle se plante devant moi, me regarde ; il y a une telle joie dans le regard, une joie si candide, si confiante, si abandonnée que …les larmes me viennent aux yeux. Je suis bien obligé d’admettre que ce jour-là, un instant, j’ai entrevu ce qu’est le Royaume ».
Au fond notre Société doit choisir : être un berceau ou un linceul.
L’enfant qui naît fait renaître en nous l’enfant éternel qu’il ne faut surtout pas oublier pour ne point s’égarer dans l’inessentiel. Quand les berceaux sont entourés d’attention, de vigilance, d’un prendre-soin, le sacré de la vie ne s’exprime pas avec des mots mais avec des engagements. L’enfant est une chance pour recommencer, ou encore refaire du neuf. Il faut nous y résoudre, la fragilité lézarde les certitudes ; alors seulement, surgit la question : quel monde vais-je laisser ? L’enfant à protéger éloigne du risque de la déshumanisation. Le futur n’est pas simplement posé, le présent en est transformé.
Quel renouveau allons-nous offrir à ces mineurs réfugiés, non accompagnés, confrontés à un exil subi, non sans péril. L’interrogation n’est pas sans réveiller notre humanité.