Qualité du lait : Trump attaque la FDA, toute la filière vacille

Le 21 avril 2025, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a officiellement suspendu ses tests de compétence pour les produits laitiers de catégorie « A ». Ce geste administratif en apparence technique révèle un effet secondaire direct des politiques budgétaires menées sous Donald Trump. En toile de fond, une stratégie de démantèlement partiel des institutions de contrôle sanitaire, dont les conséquences concrètes touchent désormais de plein fouet la filière laitière américaine.

Réduction d’effectifs : les dessous de la politique de Trump

Tout commence par un chiffre : 20 000. C’est le nombre d’emplois supprimés dans le Département de la Santé et des Services sociaux (HHS), l’administration qui chapeaute la FDA. Ces suppressions massives de postes ont été enclenchées durant le mandat de Donald Trump, dans le cadre d’un programme de réduction de la taille du gouvernement fédéral.

L’objectif affiché ? Faire des économies. Donald Trump a proposé une coupe de 40 milliards de dollars dans les budgets fédéraux, dont une large part visait directement le fonctionnement des agences sanitaires. Moins de moyens, moins d’agents, moins de contrôles. La formule est simple et certaines entreprises s'y fient. Mais en l'occurrence, le résultat, est inquiétant : incapables de fonctionner à pleine capacité, les laboratoires de la FDA ont été contraints de suspendre plusieurs programmes clés, dont ceux qui garantissaient la qualité sanitaire du lait liquide.

Le lait de catégorie « A », un standard abandonné

Aux États-Unis, le lait dit « de catégorie A » représente le standard de qualité le plus élevé pour les produits laitiers destinés à la consommation directe. Il est soumis à des normes strictes d’hygiène et de traitement, et fait normalement l’objet de contrôles réguliers dans des laboratoires certifiés.

Ces contrôles ont été suspendus à la suite d’un message interne envoyé par la Division de la sécurité des produits laitiers de la FDA. Motif ? Le laboratoire principal chargé des tests de compétence, situé au Centre Moffett, n’est plus en mesure de fournir un soutien technique, ni d’analyser les résultats des échantillons.

Cette suspension concerne également les tests de détection de la grippe aviaire dans le lait et le fromage, ainsi que les recherches sur des agents pathogènes comme Cyclospora, un parasite potentiellement dangereux.

Les répercussions sur la filière laitière

Le secteur laitier américain représente un pan stratégique de l’agriculture nationale. Il génère environ 620 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, et alimente non seulement les rayons des supermarchés, mais aussi l’industrie agroalimentaire dans son ensemble.

Les contrôles suspendus par la FDA ne sont pas de simples formalités administratives. Ils assurent la cohérence et la fiabilité des tests pratiqués dans des centaines de laboratoires à travers le pays. Ces tests sont essentiels pour respecter les normes d’accréditation, garantir la sécurité des consommateurs et préserver la réputation des producteurs.

Désormais, cette chaîne est affaiblie. Les produits laitiers continuent d’être commercialisés, mais avec un niveau de garantie sanitaire affaibli. L’éventualité d’une contamination massive — par exemple en cas d’épidémie de grippe aviaire — devient un scénario crédible.

Une transition sans visibilité

Face à l’inquiétude croissante, la FDA a tenté de rassurer : l’agence « évalue activement d’autres approches » pour remplacer les anciens dispositifs, et promet de tenir les laboratoires informés. Mais aucune date n’a été avancée pour le rétablissement des tests. Et aucune mesure compensatoire crédible n’a encore été proposée.

Le flou est total. Les laboratoires sont livrés à eux-mêmes. Les consommateurs, eux, n’ont que leur confiance à opposer à une réalité qui leur échappe. Car rien ne distingue visuellement un lait contrôlé d’un lait potentiellement contaminé.

Une politique à rebours de la sécurité

En visant la FDA, l’administration Trump voulait baisser les dépenses publiques, objectif honorable en soi. Mais elle a également fragilisé une architecture de protection patiemment construite depuis plus de 70 ans. Dans un pays où plus de 250 millions de litres de lait sont consommés chaque jour, renoncer aux contrôles revient à faire un pari sanitaire risqué, voire irresponsable. Il existe également un risque que le lait américain parvienne moins à s'exporter, d'autant que le commerce mondial, qui vit à l'heure des droits de douane instaurés par Donald Trump, pourrait y voir une occasion de se venger.