Demandé par la Commission européenne en réponse au Digital Services Act, le réseau d’Elon Musk, X (anciennement Twitter), a publié son rapport de transparence sur la modération des contenus le 4 novembre 2023. Le constat est sans appel : les Français se distinguent nettement de leurs homologues européens en ce qui concerne les comportements abusifs.
Modération sur les réseaux : que dit X (ex-Twitter) sur les Français ?
Les Français champions d'Europe des incivilités sur X (ex-Twitter)
Le réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter, vient de lever le voile sur une réalité inquiétante. Selon son premier rapport de transparence, depuis le rachat du réseau par Elon Musk, publié le 4 novembre 2023, la France se hisse en tête de liste des pays européens pour les comportements abusifs sur la plateforme. Avec un total de 16 288 messages supprimés entre fin août et mi-octobre 2023 pour violence et harcèlement, la France surpasse de loin l'Allemagne (7 160 suppressions) et l'Espagne (7 743 suppressions), pays ou les utilisateurs sont moins nombreux mais plus actifs que les Français.
La domination française dans ce classement européen des dérapages numériques pourrait refléter les multiples tensions qui traversent la société. Sans donner d'explication directe, le rapport de X (ex-Twitter) souligne l'importance de comprendre les dynamiques culturelles pour mieux cibler et modérer les contenus, suggérant ainsi un lien étroit entre les débats houleux en ligne et les clivages sociaux et politiques du pays.
Réseaux sociaux : une modération sous pression européenne
L'entrée en vigueur du Digital Services Act de l'Union européenne impose, depuis août 2023, aux réseaux sociaux tels que X, Instagram, Meta, TikTok et autres, un cadre strict en matière de modération des contenus ainsi qu'une transparence sur leur mode d'action. Face à cette réglementation, X expose sa méthodologie : une « équipe internationale et interfonctionnelle » appuyée par des outils automatiques et l'IA. Le problème ? Les disparités entre les pays sont hallucinantes. En termes de modérateurs, c'est-à-dire du nombre de personnes physiques en charge de vérifier les contenus, la France n'en compte que 52 pour près de 13 millions d'utilisateurs. Chez nos voisins britanniques, il y a 2 300 modérateurs pour 18 millions d'utilisateurs. Dans certaines langues, leur nombre est plus qu'anecdotique : 12 pour l'arabe, 2 pour l'hébreu et l'italien.
Ce déséquilibre dans la répartition des modérateurs peut partiellement expliquer la difficulté à contenir la diffusion de contenus haineux. La différence proportionnelle entre le nombre d'utilisateurs et les contenus abusifs montre que les Français, bien qu'ils soient surveillés par un nombre réduit de modérateurs, tiennent des propos plus violents que ceux de leurs voisins. Cette situation s'est aggravée suite à l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, et à l'escalade du conflit israélo-palestinien qui s'en est suivie. Le nombre de propos haineux et de harcèlements a monté en flèche, ce qui a poussé la Commission européenne à ouvrir une enquête à l'encontre du réseau. Dans le contexte des tensions internationales, la modération peut s'avérer difficile, mais sert de rempart contre la haine et la désinformation. Le nombre de comportements abusifs sur les réseaux sociaux, tel qu'exposé par le rapport de X, tire la sonnette d'alarme sur les fractures sous-jacentes de la société française.