Si le Qatar ne cesse de répéter que la Coupe du monde, c’est purement du football, cet événement a aussi permis une détente diplomatique avec plusieurs pays, au premier chef l’Arabie saoudite.
Le Qatar et l’Arabie saoudite entendent bien laisser derrière eux l’histoire du blocus de 2017-2021
Le progrès diplomatique le plus notable à avoir émergé de cette Coupe du monde 2022 est incontestablement la détente diplomatique entre le Qatar et l’Arabie saoudite. Et les deux pays ont décidé d’afficher la couleur dès le début de l’événement, au sens figuré comme au sens propre. Le 20 novembre 2022, lors de la cérémonie d’ouverture à Doha, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, avait été invité à prendre place dans la tribune d’honneur, juste à côté de l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. En plus, Mohammed Ben Salman a même porté autour de son cou une écharpe aux couleurs du Qatar. Renvoi d’ascenseur deux jour plus tard : le 22 novembre 2022, lors du match Argentine-Arabie saoudite, c’est l’émir du Qatar qui a passé un drapeau saoudien autour du cou.
Si ces gestes ont été aussi forts et qu’ils ont été autant relayés par les médias, c’est parce que depuis 2017 et jusqu’en 2021, l’Arabie saoudite, entraînant également ses alliés les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Bahreïn et el Yémen, orchestrait un blocus du Qatar : les diplomates qatariens étaient expulsés d’Arabie saoudite, le commerce bilatéral était stoppé net, de même que les vols directs, l’espace aérien saoudien était fermé à Qatar Airways, de même que les frontières terrestres et maritimes de l’Arabie saoudite… Accusant le Qatar d’héberger des terroristes, l’Arabie saoudite essayait d’exercer sur le Qatar une pression économique telle que l’émirat décide de reconsidérer sa stratégie.
La Coupe du monde, un terrain de jeu… diplomatique
Si les analystes et commentateurs ont été nombreux à faire remarquer que ce blocus avait été mis en place peu après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et qu’il a été levé aussitôt Joe Biden installé à la Maison-Blanche, cette accusation n’était pas sans fondement. Ce n’est pas un secret que le Qatar accueille, en tant que réfugiés, d’anciens membres de mouvances diverses de l’islam politique : Hezbollah, Frères Musulmans, Talibans ainsi que les anciens compagnons de route de Mouammar Kadhafi. Autre point de discorde : les relations d’amitié que le Qatar entretient avec l’Iran, ennemi juré de l’Arabie saoudite.
Mais en 2021, sous la pression de la nouvelle administration américaine, l’Arabie saoudite a reconsidéré sa position et a finalement levé le blocus. Toujours est-il qu’avant cette Coupe du monde les deux chefs d’État ne s’étaient pas rencontrés en personne depuis la levée du blocus. Autant dire que la Coupe du monde, c’est bien plus que le football, c’est un merveilleux terrain de réconciliation diplomatique.