Dans un long entretien au journal Le Monde, l’ancien ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, a fustigé une Union européenne qui « s’est construite contre les peuples ». Et il n’est pas le seul à le dire...
Le peuple rejette la construction européenne
Après Alain Juppé, Jean-Luc Mélenchon ou encore François Fillon, c’est au tour d’Arnaud Montebourg de pointer du doigt cette Union européenne dont les Britanniques ont choisi de s’extraire.
Dans un entretien au journal du soir, l’ancien ministre de l’Économie a expliqué que, selon lui, le Brexit était « prévisible ». « Depuis vingt ans, à chaque fois que les peuples ont été consultés, ils ont manifesté leur rejet de la Construction européenne telle qu’on veut la leur imposer », a-t-il lancé. « L’UE s’est construite contre les peuples, autour d’un projet libéral, qui se traduit par l’obsession de la réduction des déficits publics et de la dette. »
Il serait donc grand temps de « redéfinir le projet européen » en recouvrant en partie la souveraineté monétaire, mais sans sortir de l’euro. Un programme qui flirte de près avec les propositions du Front national. Arnaud Montebourg, qui n’a pas caché son intention de porter un projet politique en 2017, aurait-il compris que c’est en avançant ce type de discours qu’on avait le plus de chances d’être élu ?
Un opportunisme politique ?
Ces différentes déclarations ont de quoi mettre mal à l’aise. Comment ne pas y voir un opportunisme politique ? « L'Europe ne peut plus se faire sans les peuples », lançait Bruno Le Maire au lendemain du Brexit. Un Bruno Le Maire qui ne s’était pas manifesté quand Nicolas Sarkozy avait fait ratifier le traité de Lisbonne, en décembre 2007, sans tenir compte de l’avis des Français.
François Hollande n’avait-il pas promis aux Français, lors de sa campagne, qu’il renégocierait le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire ? Et pourtant, rien n’a été fait. Les élites politiques ont bien compris que la question européenne était un enjeu crucial dans une campagne, mais une fois au pouvoir, ils sont bien incapables de changer la donne. Au final, ce sont les Français qui se sentent trahis.