Les Restos du Coeur lancent leur 39e campagne et seront contraints de refuser une partie de leurs bénéficiaires habituels. Une situation qui contraste fortement avec les déclarations du 15 novembre 2023 du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
« On ne pourra pas nourrir tout le monde » préviennent les Restos du Coeur
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Modifié le 23 novembre 2023 à 15h57
Les Restos du Coeur refuseront 10 % de leurs bénéficiaires
La 39e campagne des Restos du Coeur se déroule dans un contexte de précarité grandissante. Malgré les 171 millions de repas servis pour l'année 2023, l'association est confrontée à des défis sans précédent : le nombre de bénéficiaires a augmenté de 200 000 personnes en un an, atteignant un total de 1,3 million de personnes ! Selon les déclarations du président de l'association, Patrice Drouet, l'association ne pourra pas répondre à tous les besoins et réduira le nombre de repas servis : 4 repas par semaine pour une personne, au lieu de 6 habituellement.
Les Restos du Cœur, fondés en 1985 par Coluche, seront contraints, pour la première fois, d'abaisser le revenu minimum éligible à leur aide alimentaire. « Nous sommes dans une situation où, malgré nos efforts, nous devons faire face à des choix difficiles. Cette année, nous pourrions être contraints de refuser l'aide à environ 10 % des demandeurs, soit près de 130 000 personnes », a ainsi déploré le président des Restos du Cœur.
Des gens vont mourir de faim cet hiver en France
La situation des Restos du Cœur contraste fortement avec les déclarations du ministre de l'Économie du 15 novembre 2023, sur Europe 1. Bruno Le Maire minimisait l'ampleur de la pauvreté en France. Le ministre avait insisté sur le fait de « ne pas noircir systématiquement le tableau de la France », soulignant la générosité des Français, « la France tient parce qu’il y a des associations, parce qu’il y a des bénévoles, parce qu’il y a les Restos du Cœur, elle tient par ce qu’il y a de la générosité individuelle ».
Mais la réalité est toute autre, et les chiffres le confirment : les dons moyens des Français ont reculé de 9 euros en l'espace d'un an, pour atteindre un montant moyen de 191 euros. Ce n'est pas que les Français sont moins généreux, c'est qu'ils ont de plus en plus de mal à se nourrir correctement en raison de l'inflation persistante (21 % d'inflation cumulée sur les produits alimentaires au cours des deux dernières années). Les associations, telles que les Restos du Cœur, sont témoins de cette précarité croissante et la pression qui s'exerce sur elles ne cesse de croître. Les chiffres du Secours Populaire en témoignent : plus d’un Français sur trois ne mange plus à sa faim, et près d’une famille sur deux a du mal à répondre aux besoins de ses enfants.