Retraite à 64 ans : 7 Français sur 10 veulent un référendum

L’âge légal de départ à la retraite continue d’alimenter le débat républicain. Si la réforme de 2023 est désormais en application, son acceptation sociale reste incertaine.

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By Paolo Garoscio Published on 14 avril 2025 9h16
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Retraites : un décret autorise certains EHPAD à faire exploser leurs tarifs en 2025 - © PolitiqueMatin

Le 14 avril 2025, l’institut Ifop a publié les résultats d’une enquête commandée par la CGT sur l’opinion des Français à propos du système de retraite, et plus spécifiquement sur le retour à l’âge légal de 62 ans. Deux ans après la réforme adoptée par le gouvernement d’Élisabeth Borne, prolongée sous François Bayrou, le sujet demeure sensible. L’opinion publique n’a pas basculé : elle campe sur des positions largement hostiles à la réforme de 2023, et demande un ajustement substantiel de la politique des retraites.

Retraites : Une réforme contestée, une majorité pour le retour à 62 ans

D’après le sondage Ifop publié le 14 avril 2025, 61 % des Français souhaitent revenir à l’âge légal de départ à la retraite fixé à 62 ans, contre 34 % qui considèrent que le relèvement à 64 ans doit être maintenu. Chez les salariés, 73 % se disent favorables au retour à 62 ans ; ce chiffre atteint 83 % chez les ouvriers, et même 86 % parmi les sympathisants de la CGT. Chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, le taux d’adhésion à un retour à 62 ans dépasse les 80 %.

L’un des principaux leviers de la réforme de 2023 reposait sur la soutenabilité financière du système à moyen terme. Pourtant, les répondants au sondage Ifop-CGT du 14 avril 2025 indiquent préférer d’autres leviers que le report de l’âge légal.

Parmi les pistes de financement perçues comme acceptables par les Français :

  • 86 % soutiennent l’égalité salariale femmes/hommes comme levier d’augmentation des cotisations.
  • 82 % se prononcent pour une taxation accrue des dividendes versés aux actionnaires.
  • 78 % sont favorables à une hausse d’un point des cotisations patronales.
  • 65 % valident l’élargissement de l’assiette des cotisations à des revenus complémentaires (intéressement, primes…).

À l’inverse, seulement 39 % considèrent que le relèvement de l’âge est une solution acceptable. Le message économique qui ressort est net : la population française ne rejette pas l’idée d’un effort, mais elle réclame qu’il soit réparti autrement. Le financement par le travail seul est perçu comme inéquitable.

Retraites : les Français veulent être consultés par référendum

Au-delà de la question de l’âge, le sondage Ifop révèle une forte demande de consultation populaire : 68 % des Français souhaitent un référendum pour abroger la réforme. Et si ce référendum avait lieu, 65 % voteraient en faveur de cette abrogation, soit une majorité stable depuis plusieurs mois.

Ce besoin de légitimation n’est pas anodin. Il traduit un sentiment largement partagé d’avoir été écarté de la décision politique, malgré le caractère structurant de la réforme. Alors que le recours au 49.3 avait déjà cristallisé les critiques en 2023, l’idée d’un retour aux urnes pour arbitrer cette question sociale prend de l’ampleur.

Le gouvernement face à une attente claire mais difficile à satisfaire

Interrogé le 16 mars 2025 par Le Parisien, François Bayrou a exclu tout retour à 62 ans, invoquant le « contexte international ». L’argument est compréhensible du point de vue de l’exécutif : la dette publique, la charge des retraites sur les finances de l’État, la pression des agences de notation et les objectifs européens contraignent fortement les marges de manœuvre.

Mais ce refus de révision ouvre une ligne de fracture durable avec l’opinion. 54 % des actifs estiment qu’ils ne pourront pas travailler à temps plein jusqu’à 64 ans, chiffre qui grimpe à 66 % chez les ouvriers. En parallèle, 43 % des salariés du privé pensent qu’ils seront licenciés avant cet âge. Ces réalités nuancent les modèles prévisionnels de Bercy et rappellent que l’économie ne peut pas ignorer les trajectoires professionnelles concrètes.

La position gouvernementale reste donc paradoxale : d’un côté, la ligne budgétaire défendue par le ministère de l’Économie ; de l’autre, une pression sociale et électorale croissante. La question n’est plus seulement de savoir si la réforme est techniquement viable, mais si elle est encore politiquement défendable.

Réforme des retraites : Vers un réajustement politique inévitable ?

La réforme des retraites est entrée en vigueur. Mais elle reste contestée, et surtout, mal comprise. La majorité présidentielle en place devra, si elle souhaite restaurer un lien de confiance avec l’opinion, ouvrir un espace de concertation sur les adaptations possibles du système, en intégrant les données sociologiques, économiques et professionnelles révélées par les sondages.

Le retour à 62 ans, qu’il soit envisageable ou non budgétairement, est devenu un indicateur politique central. Non pas tant parce qu’il incarne une solution miracle, mais parce qu’il symbolise une demande plus large : celle d’un système plus lisible, plus équitable, et plus en phase avec les réalités du travail en 2025.

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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013. Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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