Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Edouard Colliex, a signalé au parquet un message publié par la députée européenne LFI Rima Hassan sur le réseau social X. Dans ce tweet, l’élue met en cause une entreprise marseillaise, Eurolinks, accusée de vendre des composants d’armes à Israël, lesquels seraient retrouvés sur les corps de victimes palestiniennes à Gaza.
Marseille : après ce tweet de Rima Hassan, la préfecture s’en mêle

Les accusations de Rima Hassan contre Eurolinks
Dans son premier message publié sur X le 1ᵉʳ mars 2025, Rima Hassan affirme que des munitions retrouvées sur des victimes palestiniennes correspondent aux maillons M27, des pièces métalliques permettant les tirs en rafale. Selon l’eurodéputée, ces maillons sont fournis à Israël par Eurolinks. Cette entreprise marseillaise a déjà été mentionnée dans des enquêtes journalistiques, notamment celles de Disclose et Marsactu en mars 2024, qui soulignaient la possibilité que ces composants soient utilisés dans des attaques contre des civils.
L’élue a ensuite renforcé son propos en publiant un second tweet mentionnant l’adresse et le numéro de téléphone de l’entreprise, une démarche qui a immédiatement fait réagir les autorités.
Face à cette publication, le préfet de police des Bouches-du-Rhône Pierre-Edouard Colliex a estimé que ces messages étaient « susceptibles d’inciter à la violence » contre l’entreprise et ses salariés. Dès le lendemain, il a effectué un signalement au parquet, mettant en avant les risques sécuritaires encourus par Eurolinks. Ce signalement a été suivi d’une réaction du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a dénoncé sur BFMTV le 3 mars 2025 un appel à la « vindicte » contre l’entreprise marseillaise.
Une légalité contestée sur les exportations d’armes
Au-delà de la polémique sur la diffusion des informations concernant Eurolinks, se pose aussi la question de la régularité des exportations de cette entreprise. Selon le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, les pièces vendues par Eurolinks à Israël ne peuvent être utilisées directement par son armée. Elles seraient uniquement destinées à la « réexportation vers des pays tiers ». Une affirmation qui interroge sur la chaîne d’approvisionnement en armement et les contrôles effectifs de l’usage final des composants exportés.
Après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a causé 1 218 morts, principalement des civils, l'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza en représailles. Celle-ci a fait au moins 48 392 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, des chiffres jugés fiables par l'ONU.
Une remise en cause de l’immunité parlementaire de Rima Hassan
La polémique autour des déclarations de Rima Hassan ne s’arrête pas au signalement de son tweet sur Eurolinks. Une nouvelle controverse a éclaté après ses propos sur le Hamas, qui ont suscité l’indignation de nombreux responsables politiques. Près d’une centaine de sénateurs, essentiellement issus de la droite et du centre, ont adressé le 5 mars 2025 une demande à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour qu’elle engage une procédure visant à lever l’immunité parlementaire de l’élue LFI.
Dans une interview à Sud Radio, Rima Hassan avait affirmé que « le Hamas a une action légitime du point de vue du droit international », tout en précisant que certaines pratiques, comme les prises d’otages ou les exactions, ne l’étaient pas. En plus du signalement du ministre de l'Intérieur, le maire de Cannes, David Lisnard, a également signalé ces propos à la justice.
Le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a même évoqué la possibilité d’une déchéance de nationalité pour l’élue franco-palestinienne en cas de condamnation, une hypothèse immédiatement rejetée par l’intéressée. Selon elle, cette mesure est inapplicable puisqu’elle est née apatride avant d’être naturalisée française en 2010. Bruno Retailleau a en effet confirmé sur BFMTV que ce n'était pas possible. Jean-Luc Mélenchon a, quant à lui, dénoncé une « persécution » politique contre Rima Hassan, dénonçant une instrumentalisation de la polémique.