LFI : Melenchon règle ses comptes avec Garrido

L'exclusion temporaire de Raquel Garrido

Raquel Garrido, figure de proue de La France Insoumise, a été temporairement écartée du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale pour quatre mois. Cette mesure est justifiée par « un ensemble de comportements et de déclarations » jugés préjudiciables à l'unité du groupe. La députée est reprochée d'avoir partagé des informations fausses et lancé des attaques personnelles envers ses collègues, ce qui aurait enfreint les règles de solidarité du parti.

Selon la chef de groupe Mathilde Panot, il est reproché à la députée Raquel Garrido « la diffusion de fausses informations dans la presse concernant le groupe ou ses membres », « la mise en cause et le dénigrement ad hominem de plusieurs membres du groupe » et « les confrontations avec des employés du groupe parlementaire ». Néanmoins, aucun incident spécifique ou propos incriminés n'a été détaillé. La députée LFI de la Seine-Saint-Denis, se trouve ainsi réduite au silence dans l'exercice de ses fonctions parlementaires.

Une décision qui est loin de faire l'unanimité au sein de la NUPES et de la LFI

Cette affaire révèle une nouvelle fois les tensions sous-jacentes au sein de La France Insoumise, où la fidélité à la ligne du parti et à son leader, Jean-Luc Mélenchon, sont mises à l'épreuve. Les réactions ne se sont pas fait attendre au sein de l'Union de la gauche. Les membres de la NUPES et d'autres figures de la gauche ont exprimé leur indignation face à ce qu'ils perçoivent comme un traitement inéquitable et une tentative de répression des voix dissidentes au sein de LFI, en témoigne la déclaration du député LFI François Ruffin : « Raquel Garrido est en désaccord sur l'absence de démocratie au sein de La France insoumise. Et comment notre mouvement, qui prône la VIe République, lui répond ? Non par un débat, mais par une sanction. »

Pourquoi quatre mois et pas deux, ou six, contre Raquel Garrido ? Quel obscur alinéa de quel réglement inconnu décide de cela ? A défaut de pouvoir débattre ensemble, la direction de mon groupe parlementaire pourrait-elle nous fournir la grille tarifaire en cas de divergence…

— François Ruffin (@Francois_Ruffin) November 7, 2023

La comparaison de la sanction, en raison d'une durée similaire, de  celle de Garrido avec celle d'Adrien Quatennens, reconnu coupable de violences conjugales, a été particulièrement controversée et reflète pour certains membres de la NUPES la misogynie au sein du parti : « Sérieux LFI ? Les paroles des femmes sont considérées en patriarcat comme plus dangereuses que les coups des hommes », dixit Sandrine Rousseau, députée EELV.

Raquel Garrido n'est pas connue pour avoir sa langue dans sa poche. Ces dernières semaines, elle n'a pas hésité à critiquer la gestion des relations entre le parti et les syndicats, les stratégies politiques adoptées, ainsi que la prise de position de Jean-Luc Mélenchon et de la députée Danièle Obono suite à l'attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. Tout ceci met en lumière une fracture croissante au sein de la direction du parti LFI. Raquel Garrido est muselée pour avoir remis en question la mainmise de Jean-Luc Mélenchon qui, selon elle, n'a fait que nuire au mouvement ces derniers mois. Un sentiment partagé par de nombreux frondeurs de la LFI et de la NUPES. Et quand bien même Raquel Garrido est l'une des plus anciennes et fidèles lieutenantes de Jean-Luc Mélenchon, la mise en garde est envoyée à l'ensemble des membres de la LFI et de la NUPES. Une manière de faire qui n'a rien d'étonnant de la part d'un trotskiste... Jusqu'où tiendra La France Insoumise ?