Scott Bessent, secrétaire au Trésor, a pris la parole le 6 mars 2025 devant le Economic Club of New York pour défendre la politique commerciale de Donald Trump. À ses yeux, l’accès à des biens bon marché n’est pas l’essence du rêve américain. Une affirmation qui divise économistes et politiques alors que les nouvelles taxes sur les importations font craindre une hausse des prix.
Scott Bessent : “L’accès à des biens bon marché n’est pas l’essence du rêve américain”

Une remise en cause des principes du libre-échange
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’administration réaffirme sa volonté de rééquilibrer les échanges internationaux. Scott Bessent a repris cette ligne avec force, rejetant l’idée que la prospérité passe par des prix bas. Selon lui, l’économie américaine a été affaiblie par des décennies d’accords commerciaux favorisant l’importation à moindre coût au détriment des travailleurs et des entreprises locales.
Son discours insiste sur la nécessité de rétablir un cadre commercial plus juste, quitte à renchérir le coût de la vie. « L’accès à des biens bon marché n’est pas l’essence du rêve américain », a-t-il déclaré, soulignant que « le rêve américain repose sur la prospérité, la mobilité sociale et la sécurité économique » (CNBC, 6 mars 2025).
Cette affirmation tranche avec la réalité vécue par de nombreux ménages américains. Nikki McCann Ramirez, journaliste pour Rolling Stone, rappelle que « la baisse du coût des biens et services est l’un des moteurs d’une amélioration du niveau de vie ». Un avis partagé par Daniel Hornung, ancien conseiller de l’administration Biden, qui estime que « si les revenus augmentent mais que les prix suivent la même trajectoire, alors les bénéfices pour les consommateurs sont annulés » (Politico, 6 mars 2025).
L’annonce des nouveaux tarifs douaniers s’est immédiatement traduite par une hausse du déficit commercial, atteignant 131,4 milliards de dollars en janvier 2025, soit une augmentation de 34 % en un mois. Les entreprises américaines ont précipité leurs importations pour éviter les nouvelles taxes, ce qui a amplifié le déséquilibre que Bessent prétend vouloir corriger.
Les effets incertains d’un protectionnisme assumé
L’administration Trump justifie ces taxes par trois objectifs : rétablir un équilibre commercial, protéger l’industrie américaine et générer des revenus pour réduire le déficit budgétaire. Bessent a insisté sur ce dernier point, rappelant que « les États-Unis ont déjà accumulé un trou de 840 milliards de dollars en seulement quatre mois d’exercice fiscal » (New York Post, 6 mars 2025).
Il se montre cependant confiant sur les effets à long terme de ces mesures. « Les tarifs douaniers ne sont pas inflationnistes en eux-mêmes. Il peut y avoir une hausse ponctuelle des prix, mais elle sera transitoire », a-t-il déclaré lors d’un échange avec Larry Kudlow, ancien conseiller économique de Trump (Politico, 6 mars 2025).
Cette certitude n’est pas partagée par de nombreux experts. Plusieurs économistes mettent en garde contre une répercussion inévitable sur les prix à la consommation. La question divise également les milieux d’affaires. Les grandes enseignes du commerce de détail, comme Walmart et Target, se préparent à augmenter leurs prix. De son côté, la Bourse a vivement réagi, avec une chute des indices dès l’annonce de ces nouvelles taxes.
Scott Bessent adopte une posture en rupture avec les élites économiques, affirmant que l’administration Trump privilégie « Main Street plutôt que Wall Street ». Il défend une politique tournée vers les travailleurs américains et les petites entreprises, estimant que « trop longtemps, les décideurs ont favorisé une mondialisation qui ne profitait qu’à une minorité » (New York Post, 6 mars 2025).