6,3 milliards d’euros pour transporter des patients. Et ce n’est qu’un poste parmi d’autres. Ce que révèle la Cour des comptes dans son dernier rapport pour réduire les dépenses de l’Assurance maladie dépasse le simple constat d’un système à bout de souffle.
Assurance maladie : le déficit de la Sécurité sociale est-il hors de contrôle ?

Sécurité sociale : un gouffre budgétaire qui se creuse
En 2024, le déficit de la sécurité sociale atteint 15,3 milliards d’euros, soit 4,5 milliards de plus qu’en 2023. Et malgré une légère embellie côté recettes, c’est bel et bien la dynamique des dépenses qui inquiète. En ligne de mire : l’Assurance maladie, dont les coûts explosent. Le rapport publié le 14 avril 2025 par la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme. Selon ses projections, le déficit cumulé des trois branches concernées (maladie, accidents du travail, autonomie) passerait de 11,8 à plus de 20 milliards d’euros d’ici à 2028. La dette sociale pourrait alors grimper de 70 milliards d’euros en seulement trois ans. Le message est clair : l’équation budgétaire est intenable sans mesures correctives drastiques.
Pour freiner l’emballement, la Cour des comptes préconise une ligne claire : resserrer les prises en charge, multiplier les contrôles, cibler les postes les plus coûteux. Exemple frappant : les transports sanitaires, qui ont coûté 6,3 milliards d’euros à la Caisse nationale d’assurance maladie en 2023. Le rapport propose également de renforcer la lutte contre les fraudes, aujourd’hui largement sous-estimées. En 2024, 628 millions d’euros ont été évités, mais les estimations tablent sur un potentiel de 4,5 milliards d’euros. Autrement dit, l’essentiel échappe encore aux radars. Et ce n’est pas faute d’alerter : « Les résultats obtenus demeurent nettement en deçà des estimations de fraudes », note la juridiction financière.
Un modèle à rééquilibrer, pas à détruire
Au-delà des chiffres, c’est tout le modèle de santé qui est interrogé. Le rapport plaide pour une réorganisation de l’offre de soins, en insistant sur trois leviers : l’activité ambulatoire, la réduction des évènements indésirables graves, et la restructuration des petits établissements sous tension. Mais le nerf de la guerre reste le financement. Le document insiste sur la nécessité de mieux répartir les efforts entre les différents acteurs, à commencer par les organismes complémentaires. En clair : alléger la charge qui pèse sur l’assurance maladie obligatoire sans pour autant creuser le reste à charge pour les patients. Une approche que la Cour qualifie de « démarche partenariale et pluriannuelle », appelant à sortir de la logique d’ajustements à court terme.
La Cour des comptes avance un chiffre : entre 19,4 et 21,4 milliards d’euros d’économies d’ici à 2029. Une somme qui permettrait de stabiliser l’Ondam, ce plafond de dépenses de santé voté chaque année depuis 1997, et amorcer un retour à l’équilibre. Mais rien n’est gagné. L’efficience des soins reste inégale selon les territoires, la prévention encore marginale dans les politiques publiques, et les résistances aux réformes profondes toujours aussi solides.