Un fauteuil à 34 000 euros pour présider le Sénat ? Alors que la France ploie sous les restrictions budgétaires, cette dépense faramineuse déclenche une onde de choc. Gérard Larcher, président de la chambre haute, reconnaît une “erreur”.
Sénat : la petite “erreur” de Larcher qui vous coûtera 34.000 euros
Le 11 janvier 2025, Gérard Larcher, président du Sénat depuis 2008, a admis que l’achat de fauteuils à 34 000 euros représentait une faute. Révélée par Le Canard Enchaîné, cette dépense somptuaire tombe au plus mal : alors que l’État prône des économies drastiques, l’image d’une élite politique déconnectée ressurgit. Larcher a tenté de désamorcer la polémique en évoquant une enquête interne et un nécessaire "changement de pratiques". Mais cette affaire soulève une question plus large : comment justifier de telles écarts dans une institution censée incarner la rigueur républicaine ?
Les fauteuils hors de prix du Sénat : luxe ou nécessité ?
Le mobilier du Sénat n’a rien de commun avec celui d’un bureau classique. Selon Gérard Larcher, le coût de 34 000 euros couvre deux fauteuils et un prototype, réalisés sur mesure. Ce mobilier, destiné à la présidence de séance, se veut à la fois robuste et fidèle au prestige historique des lieux.
Le Sénat, installé depuis 1804 au palais du Luxembourg, veille scrupuleusement à préserver son patrimoine. Les fauteuils remplacés, usés par des décennies d’utilisation, nécessitaient une restauration coûteuse, justifiant selon l’administration un renouvellement.
Une justification du Sénat qui ne convainc pas
Si l’argument historique peut séduire les amateurs de tradition, il passe mal auprès d’une opinion publique exaspérée par la gestion des dépenses publiques. Ces fauteuils de luxe, tout comme les nombreuses dépenses liées au fonctionnement de la haute chambre, symbolisent pour beaucoup le décalage entre les préoccupations des élus et celles des citoyens. L’explication de Gérard Larcher, qui insiste sur l’héritage patrimonial, ressemble à une tentative de maquiller une erreur flagrante de priorisation.
Gérard Larcher face à la polémique : un mea culpa sous pression
Dans une interview au Parisien, Gérard Larcher n’a pas esquivé la critique. "C’était une erreur", a-t-il reconnu, tout en précisant qu’il n’avait pas été informé de l’achat en amont. Une déclaration qui suscite autant de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Comment une dépense de cette ampleur, dans une institution aussi structurée que le Sénat, peut-elle passer sous les radars de son président ? Larcher a annoncé une enquête interne pour clarifier les responsabilités, mais ce geste apparaît tardif.
Une crédibilité fragilisée
Ce mea culpa n’efface pas les dommages collatéraux. En reconnaissant l’incohérence entre les discours sur la réduction des dépenses publiques et les pratiques internes du Sénat, Gérard Larcher expose son institution à des critiques acerbes. "On ne peut pas prôner la rigueur sans l’appliquer à soi-même", a-t-il martelé. Mais cette formule, si percutante soit-elle, ne suffira pas à apaiser une opinion publique lassée des contradictions de ses élites.
Un symbole de la déconnexion politique
La polémique intervient dans une période où le gouvernement, dirigé par François Bayrou, multiplie les appels à la modération budgétaire. Les restrictions touchent les services publics, les collectivités locales et même les associations, sommées de faire mieux avec moins. Dans ce cadre, les fauteuils dorés du Sénat incarnent une indécence difficile à pardonner.
Cette affaire reflète le problème d'une élite politique perçue comme vivant en vase clos, loin des réalités quotidiennes des Français. Alors que l’inflation réduit le pouvoir d’achat, que des familles peinent à boucler leurs fins de mois, l’idée qu’une institution puisse consacrer une telle somme à du mobilier relève d’un mépris latent pour les difficultés du pays.
Une institution à réformer ?
Cette polémique met en lumière des pratiques qui méritent une refonte. Le Sénat, en tant qu’organe représentant les collectivités territoriales, se doit d’être exemplaire, non seulement dans ses décisions mais aussi dans sa gestion. Si Gérard Larcher promet des réformes et un audit, l’enjeu dépasse ce seul incident. Il s’agit de restaurer la confiance dans des institutions dont l’utilité est régulièrement remise en question.
Ces fauteuils à 34 000 euros ne sont pas qu’une maladresse budgétaire. Ils incarnent un symbole : celui d’une déconnexion entre l’élite politique et les citoyens. Si la reconnaissance de l’erreur est un premier pas, seule une refonte profonde des pratiques administratives et budgétaires permettrait au Sénat de regagner sa légitimité.