Une nouvelle vague de perturbations ferroviaires se profile. À l’approche du pont du 8 mai, syndicats, usagers et gouvernement se renvoient la balle dans un bras de fer qui dépasse la simple question des plannings.
Ponts de mai, grève SNCF : conflit social explosif à l’horizon avec une semaine “noire” sur les rails

Une semaine noire. C’est le terme choisi par SUD Rail pour décrire ce qui attend les voyageurs du 5 au 11 mai. À l’origine ? Des désaccords profonds, des négociations ratées, et des nerfs déjà à vif.
Grève à la SNCF : une semaine noire déjà annoncée
La tension monte d’un cran. Philippe Tabarot, ministre des Transports, l’a martelé ce 24 avril 2025 sur RTL : « Ce mois de mai s’annonce difficile. » Une déclaration qui sonne comme une alerte. Dès le 5 mai, la CGT-Cheminots et SUD-Rail appellent à une grève nationale. Le collectif CNA, bien connu pour avoir paralysé les fêtes de fin d’année 2022, entre également dans la danse pour les 9, 10 et 11 mai. Les conducteurs, eux, sont appelés à cesser le travail le 7, en pleine période de chassé-croisé de congés.
Résultat : une mobilisation étalée sur une semaine entière, où chaque jour pourrait voir des lignes interrompues ou fortement perturbées. À la veille du pont du 8 mai, c’est un coup dur, autant pour les voyageurs que pour l’entreprise.
À l’origine de la grève, deux points de blocage : les plannings jugés imprévisibles, et la question des primes. Pour Fabien Villedieu, de SUD Rail, la réunion avec la direction aurait pu "se terminer au bout de deux minutes", tant la fin de non-recevoir était claire. La DRH de SNCF Voyageurs a fermé la porte à toute revalorisation de primes et refuse de revoir la gestion des emplois du temps.
Ce bras de fer ne date pas d’hier. La colère des contrôleurs couve depuis longtemps, alimentée par une impression croissante de mépris et de désorganisation interne. Pour les syndicats, cette grève est la seule issue. Pour le gouvernement, c’est une impasse qui coûte cher.
L’impact économique : un gouffre pour la SNCF
Une journée de grève, c’est dix millions d’euros envolés pour la SNCF, selon Philippe Tabarot. De l’argent qui ne sera pas réinvesti dans le réseau, et un déficit qui s’aggrave.
Au-delà de la perte financière, c’est aussi l’image du service public qui prend un coup. À chaque grève, les voyageurs perdent un peu plus confiance.
Face à l’incertitude, les usagers ne restent pas passifs. La plateforme Kombo enregistre une hausse de 50 % des annulations de billets SNCF pour le 8 mai. Dans le même temps, les ventes de billets de bus grimpent de 25 %, et Trenitalia voit ses ventes sur la ligne Paris-Lyon bondir de 20 %. Un signe clair : les Français anticipent et changent leurs plans.
Mais ce repli vers d'autres modes de transport ne peut cacher une réalité : l’offre alternative reste limitée. Bus et covoiturage ne peuvent absorber à eux seuls l'afflux des voyageurs privés de train. Et à chaque grève, c’est la fracture sociale qui se creuse un peu plus entre ceux qui peuvent s’adapter, et ceux qui subissent.
Le gouvernement cherche l’équilibre, les syndicats réclament des garanties
Philippe Tabarot dit encore « garder espoir dans les capacités de dialogue de Jean-Pierre Farandou et Christophe Fanichet », dirigeants de la SNCF. Mais sans gestes forts de part et d’autre, l’espoir pourrait vite céder à l’enlisement. Le ministre évoque aussi la conférence de financement qui débutera le 5 mai à Marseille, dans le but de repenser le modèle économique des infrastructures.
Dans ce contexte tendu, il lance un message clair : "Il ne faut pas utiliser systématiquement l’arme de la grève." Une phrase lourde de sous-entendus, qui pourrait bien nourrir le débat sur une future réforme du droit de grève dans les services publics.