Supprimer des postes de fonctionnaires

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Par Marc Albert Chaigneau Publié le 25 novembre 2016 à 10h55
Papiers
5,64 millionsLa France comptait 5,64 millions de fonctionnaires fin 2014.

Les candidats de la droite, au deuxième tour des primaires, annoncent la suppression de postes de fonctionnaires. Ce, pour endiguer la hausse croissante et incontrôlée, des dépenses publiques.

De telles propositions ne sont pas nouvelles et il me souvient de précédentes expériences qui furent loin d’être couronnées de succès. Sauf à considérer que de nombreux fonctionnaires effectuent un travail inutile, ou travaillent trop peu, il est indispensable de réduire d’abord les travaux à effectuer, avant que de supprimer des postes. Mais réduire quels travaux, pour supprimer quels postes ?

L'exempe de l'hôpital

L’exemple du système de soins est particulièrement caractéristique. Si on analyse l’évolution sur quelques dizaines d’années, il a été créé beaucoup de postes administratifs et a été supprimé des postes de soignants. Et les services se dégradent. Supprimer des postes de soignants réduit la qualité du service, créer des postes administratifs ne l’améliore pas. Pourquoi en est-il ainsi ? Il est bien connu et reconnu que la première fonction de l’administration consiste à créer de l’administration. Que quiconque édicte des règles va vouloir exiger des rapports, pour vérifier le respect de ces règles. Que ces comptes rendus seront étudiés, collationnés, enregistrés regroupés pour donner lieu à d’autres rapports, plus globaux et généraux, qui permettront d’établir des statistiques, qui seront publiées et alimenteront des discours politiques. Qui, dans la plupart des cas, ne contribueront en rien, à l’efficacité du service, mais le compliqueront et le renchériront.

Des tâches inutiles

Quiconque a été confronté aux services des administrations s’est rendu compte de devoir fournir plusieurs fois, voire un grand nombre de fois les mêmes renseignements. Même parmi les fonctionnaires, nombreux sont ceux, qui se rendent compte de la trop grande complexité et de l’inutilité de nombre de renseignements, qu’ils sont chargés de recueillir. Que la plupart des tâches qu’ils accomplissent n’ont aucune utilité, au regard du service à rendre. Que de plus en plus souvent, leur intervention peut même s’avérer nuisible.

Que pour nombre d’entre nous, notre société devient de plus en plus difficile à vivre. Et je suis convaincu que la cause provient, surtout au sein des services publics, d’une confusion entre l’égalité et l’uniformité. Entre l’utilité et le pouvoir de nuisance. Ne sommes-nous pas nombreux à nous sentir asservis, plutôt que servis par les administrations, « services publics » ?

Redonner du pouvoir au fonctionnaires de terrain

Ceci mérite d’autres développements, d’autres exemples, que je présente dans d’autres écrits. Mais la conclusion à en tirer est simple et doit apparaître évidente, à chacun d’entre nous. Si nous adhérons à l’idée qu’il faille supprimer des postes de fonctionnaires, il ne s’agit pas de ceux qui rendent un service effectif. Il ne s’agit pas de réduire les services rendus. Il faut s’attacher à simplifier les tâches, à réduire la partie administrative et les hiérarchies.

Les strates administratives sont trop nombreuses et d’une très faible utilité, sauf à favoriser la servitude des strates inférieures, en leur assignant l’application mécanique de décisions, sur lesquelles ils n’ont aucune influence, alors qu’eux seuls sont au contact de la réalité quotidienne et pratique. Supprimer les cases à remplir, redonner un pouvoir à ceux qui sont confrontés aux problèmes, n’avoir à présenter de rapport qu’en cas de difficulté et donc ne jamais avoir à rendre compte de ce qui se passe bien, ou normalement, telles sont les solutions qui permettront une réduction harmonieuse du nombre de fonctionnaires.

En se remémorant cette phrase de Clemenceau : « Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d’une bibliothèque, ce sont les plus haut placés qui servent le moins. »

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Marc Albert Chaigneau a été conseil de sociétés et avocat d'affaires, puis responsable juridique pendant 35 ans. De 1974 à 1998, il procède ainsi à des centaines d'analyses de sociétés, les suivant depuis la création jusqu'à la liquidation, en passant par les fusions, cessions, restructurations. Cette expérience l'a conduit à analyser méticuleusement la société dans laquelle nous vivons. Son dernier essai De la révolution à l'inversion*, publié en janvier 2014 aux éditions Edilivre propose un nouveau projet de réforme de la société. Un modèle préférable à la révolution en ce qu'il ne nécessite ni violence, ni destruction, mais seulement l'inversion d'un certain nombre de nos comportements. Inverser les comportements, pour cela inverser les raisonnements, les analyses, les rapports personnels et professionnels en se basant sur le principe de subsidiarité. Avec cet ouvrage, l'auteur nous donne les clefs pour la mise en œuvre d'une véritable démocratie : la démocratie directe, dont beaucoup avaient rêvé, mais à laquelle ils avaient renoncé, la croyant impossible à mettre en œuvre. Il nous montre comment elle serait accessible, mais nous prévient qu'elle ne le sera jamais qu'à des citoyens responsables.  

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