Entre les ministres qui tâtonnent et les élus locaux en manque de ressources, la question fiscale de la taxe d’habitation fait grincer des dents depuis quelques jours. Mais pour Emmanuel Macron, pas d’hésitation.
Impôts : à l’Élysée, aucune ambiguïté sur la taxe d’habitation

Pendant que les suggestions fusent dans les couloirs ministériels, la décision, elle, est déjà prise au sommet. Macron refuse de laisser l'agenda fiscal s'emballer.
Macron verrouille le débat sur la taxe d'habitation
Le week-end dernier, François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire, a mis les pieds dans le plat en évoquant une « contribution modeste » pour aider les communes à financer leurs services publics, dans une interview à Ouest-France. De quoi réveiller les inquiétudes sur un possible retour masqué de la taxe d'habitation. À l'Élysée, la riposte a été immédiate : selon un proche du président cité par BFMTV le 28 avril 2025, « le président a supprimé la taxe d'habitation. Il ne fait pas partie de ceux qui veulent la rétablir de quelque façon que ce soit ». La ligne est claire, ferme, sans zone grise.
À travers différentes déclarations publiques, plusieurs membres du gouvernement ont semblé ouvrir la porte à des ajustements fiscaux. Catherine Vautrin, ministre du Travail, a évoqué sur TF1 le 28 avril 2025 le besoin de « renouer le lien » entre habitants et collectivités, rappelant que « rien n’est gratuit ». Une prudence de langage qui tranche avec la fermeté présidentielle. Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a tenté de calmer le jeu en assurant que « rien n’est arbitré » pour le budget 2026. Mais en coulisses, l’Élysée n’a pas l’intention de laisser s’installer l'idée d'une marche arrière fiscale.
Des collectivités isolées dans leur quête de financement
En insistant sur l'absence de tout arbitrage officiel, le gouvernement donne l'illusion d'un débat ouvert. En réalité, la décision est déjà actée. Emmanuel Macron veut éviter un nouveau front de contestation, à un moment où la défiance fiscale reste forte dans l'opinion. François Bayrou, Premier ministre, a promis une déclaration d'orientation budgétaire mi-juillet.
Pour les maires et présidents d'agglomération, la situation reste tendue. Depuis la suppression progressive de la taxe d'habitation entre 2018 et 2023, beaucoup dénoncent une perte d'autonomie financière. L'Association des maires de France (AMF) propose une « contribution universelle », sans demander ouvertement le retour de l'ancien impôt. Mais l'Élysée ne veut pas se laisser enfermer dans ce débat. Emmanuel Macron mise sur d'autres leviers pour apaiser les collectivités, sans toucher à l'architecture fiscale qu’il considère comme un de ses marqueurs politiques.