Guerre en Ukraine : Trump hausse le ton face à Poutine, le pétrole flambe

Le baril monte, la pression aussi. Alors que les tensions verbales s’intensifient entre Washington et Moscou, l’alliance de circonstance entre Trump et Poutine semble vaciller. Et cette fracture pourrait bien redéfinir les négociations actuelles pour la guerre en Ukraine.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 1 avril 2025 à 12h00
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Guerre en Ukraine : Trump hausse le ton face à Poutine, le pétrole flambe - © PolitiqueMatin

Une amitié diplomatique qui vacille, un marché énergétique qui tremble. L’échange de menaces entre Trump et Poutine redessine les lignes d’un dossier explosif : le pétrole en paie le prix, l’Ukraine pourrait en voir les effets.

Relations Trump–Poutine : vers une rupture de façade ?

Le 31 mars 2025, les cours du pétrole ont bondi : +1,51 % pour le Brent (74,74 dollars), +3,06 % pour le WTI (71,48 dollars). Un mouvement déclenché non par un choc d’offre ou de demande, mais par une déclaration. Donald Trump, visiblement excédé par l’absence de cessez-le-feu en Ukraine, a menacé d’imposer des droits de douane secondaires sur le pétrole russe : « Si la Russie et moi ne sommes pas capables de parvenir à un accord pour mettre un terme au bain de sang en Ukraine (...), je vais imposer des droits de douane secondaires sur tout le pétrole qui sort de Russie ».
Trump a précisé que ces mesures pourraient tomber « à n’importe quel moment », envoyant un signal direct aux marchés : la diplomatie énergétique est désormais au cœur du bras de fer russo-américain.

Jusqu’ici, les relations entre Trump et Poutine semblaient relativement stables depuis le retour au pouvoir du républicain. L’ancien président avait promis de « régler le conflit en 24 heures » et misé sur un dialogue musclé mais direct avec le Kremlin. Mais les derniers développements suggèrent un virage.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a annoncé lundi qu’« aucun » nouvel appel entre les deux chefs d’État n’était « prévu pour l’instant », tout en affirmant que Vladimir Poutine restait « ouvert à tout contact ». Ce gel intervient après une déclaration virulente de Trump, qui s’est dit « très énervé, furieux » à propos de l’idée avancée par Moscou d’une « administration transitoire » en Ukraine, sans Zelensky.
Pour Trump, qui veut une sortie rapide du conflit, cette temporisation est un affront. Il semble vouloir forcer la main au Kremlin en brandissant l’arme commerciale.

Pétrole : un levier économique pour contraindre Moscou

La menace douanière vise à resserrer l’étau économique autour de la Russie. En ciblant les acheteurs du pétrole russe, Washington espère faire pression indirectement sur Poutine sans risquer une confrontation frontale. Mais selon Rob Thummel, de Tortoise Capital, l'effet réel pourrait rester limité : « C'est très flou » et il doute qu'une telle mesure suffise à « réduire l’offre de l’un des plus grands producteurs au monde ».
Malgré les sanctions, la Russie continue d’écouler massivement son pétrole vers l’Asie. « Le pays tire d’importants revenus de ses exportations pétrolières (…) et a trouvé des moyens de contourner les sanctions », explique Thummel. Une surtaxe de 25 % ne suffira peut-être pas à enrayer ce flux parallèle bien installé.

Si les marchés ont réagi au quart de tour, la hausse actuelle pourrait rester temporaire. « Je ne vois pas d’impact à long terme », estime toujours Rob Thummel. Pour lui, la résilience des circuits d’approvisionnement rend difficile l’exclusion du brut russe.
Mais sur le plan politique, ce moment marque une inflexion. Trump, en rupture de canal direct avec Poutine, affiche publiquement son impatience, son désir d’imposer sa temporalité, quitte à provoquer une déstabilisation partielle du marché énergétique. La stratégie est claire : faire du pétrole une monnaie de négociation, voire de confrontation.

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