Ukraine : l’Europe doute de l’intérêt de l’appel entre Trump et Poutine

Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entretenus lors d’un appel téléphonique mardi 18 mars 2025 à propos de la guerre en Ukraine.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 19 mars 2025 à 9h38
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Le 18 mars 2025, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont entretenus au téléphone dans un contexte international particulièrement tendu. La guerre en Ukraine se poursuit sans véritable avancée diplomatique, tandis que la position des États-Unis vis-à-vis de Moscou suscite de plus en plus d’interrogations. Cet échange, qualifié de « détaillé et franc » par le Kremlin, devait poser les bases d’une éventuelle désescalade militaire. Pourtant, les réactions qui ont suivi l’entretien témoignent d’une grande méfiance, notamment de la part des dirigeants européens et ukrainiens.

Un échange entre Trump et Poutine sous le signe de la diplomatie ?

Donald Trump et Vladimir Poutine ont discuté pendant plus de deux heures. La principale annonce issue de cet appel concerne la mise en place d’une trêve limitée aux infrastructures énergétiques en Ukraine, pour une durée de 30 jours. La Maison-Blanche a présenté cet accord comme une première avancée vers la paix, tandis que le Kremlin a insisté sur les conditions indispensables à sa mise en œuvre. Moscou a exigé que l’Ukraine cesse tout réarmement, que l’aide militaire occidentale soit interrompue et que des garanties de contrôle strictes soient instaurées pour vérifier le respect du cessez-le-feu. Ces conditions suscitent de nombreuses interrogations, notamment du côté des Européens qui craignent que cette trêve ne soit qu’un prétexte pour permettre à la Russie de repositionner ses forces.

La position de Donald Trump intrigue particulièrement. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président américain affiche une posture bien plus conciliante envers Moscou que son prédécesseur Joe Biden. Cet appel, présenté comme une initiative personnelle, a été mené en contournant les canaux diplomatiques habituels, une méthode qui alimente les critiques. Emmanuel Macron a rappelé lors d’une conférence de presse que toute discussion sur un règlement du conflit devait nécessairement inclure Kiev.

Des réactions internationales très contrastées

Cet appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine devait marquer une étape dans la recherche d’une solution diplomatique au conflit en Ukraine. Pourtant, au-delà des annonces officielles, il suscite de nombreuses interrogations. L’Ukraine, tenue à l’écart des discussions, perçoit ce dialogue direct entre Washington et Moscou comme une possible tentative de la Russie de gagner du temps sur le terrain. Volodymyr Zelensky, sceptique face à cet accord, a déclaré : « Il n’y a pas de confiance envers Poutine », estimant que le président russe ne cherche qu’à affaiblir l’Ukraine par des manœuvres stratégiques. Il a également souligné que « tout son jeu, c’est de nous affaiblir le plus possible », mettant en garde contre les risques de concessions faites sans garanties.

Du côté européen, le rapprochement entre les deux puissances alimente les craintes d’un affaiblissement du rôle de l’Union européenne dans la gestion de la crise. Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu « mesurable et vérifiable », rappelant que toute solution devait inclure Kiev à la table des négociations. Par ailleurs, la communauté internationale observe avec prudence les intentions réelles de Moscou, alors que la guerre continue et que les frappes russes n’ont pas cessé. « Nous avons constaté que les attaques contre les infrastructures civiles n’ont absolument pas diminué durant la première nuit suivant cet appel téléphonique soi-disant révolutionnaire et formidable », a dénoncé le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius.

Un échange de prisonniers en parallèle

Outre la question du cessez-le-feu, l’un des points d’accord entre Trump et Poutine concerne un échange de prisonniers prévu pour le 19 mars. Selon le Kremlin, 175 combattants ukrainiens et 175 soldats russes seront libérés dans le cadre de cet accord. Cet échange a été présenté comme un signal fort de la volonté des parties d’engager un dialogue constructif.

Un diplomate européen cité par Le Figaro rappelle que ces échanges de prisonniers, bien qu’importants sur le plan humanitaire, n’ont jamais conduit à un véritable progrès diplomatique. L’économiste ukrainienne Elina Ribakova, interrogée par Franceinfo, estime même que la Russie pourrait en tirer profit, la trêve limitant les représailles ukrainiennes sur ses infrastructures.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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