Une déclaration choc, des alliances bousculées, et un président américain qui redéfinit les règles du jeu. Au cœur de la tourmente : l’Ukraine, l’OTAN, et un Donald Trump plus déterminé que jamais.
L’Ukraine doit oublier l’OTAN selon Donald Trump, la paix en suspens

Le 26 février 2025, Donald Trump a lancé une bombe diplomatique en affirmant que l'Ukraine "peut oublier" une adhésion à l'OTAN. Cette déclaration, faite deux jours avant une rencontre prévue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a provoqué une onde de choc sur la scène internationale. Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, les propos de Trump remettent en question les fondements de la politique occidentale envers Kiev et soulèvent des interrogations sur l'avenir des relations transatlantiques.
Donald Trump écarte l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN
Lors d'une conférence de presse le 26 février 2025, Donald Trump a déclaré : "L'OTAN, on peut oublier ça, cela a probablement été la raison du début de toute cette affaire". En effet, Vladimir Poutine affirme depuis 2022 que la guerre en Ukraine est liée au processus d'adhésion à l'OTAN. Si l'Ukraine entrait dans l'OTAN, les pays membres de cette alliance, notamment les Etats-Unis, pourraient installer des missiles à portée de Moscou, ce qui affaiblirait la sécurité russe.
La déclaration s'inscrit dans une série de prises de position similaires. Le 12 février 2025, lors d'une réunion du Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine au siège de l'OTAN, le secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth, a qualifié le retour aux frontières de 2014 d'"objectif irréaliste" et a affirmé que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN n'était "pas une issue réaliste à un règlement négocié".
Ces propos ont suscité des réactions vives de la part des alliés européens. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré que les États-Unis "n'auraient pas dû faire de concessions à la Russie avant les négociations". La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a averti que "l'Europe doit jouer un rôle central" dans les négociations et que tout accord sans l'Ukraine ou l'UE "échouera".
Des négociations sous tension
Le 12 février 2025, Donald Trump a annoncé avoir eu un "appel téléphonique très productif" avec Vladimir Poutine, au cours duquel ils ont convenu que leurs équipes respectives commenceraient immédiatement des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Cependant, l'absence de l'Ukraine dans ces discussions a suscité l'indignation de Kiev. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, a déclaré : "Rien ne peut être discuté sur l'Ukraine sans l'Ukraine".
Le 18 février 2025, des délégations américaines et russes, dirigées respectivement par Marco Rubio et Sergueï Lavrov, se sont rencontrées à Riyad, en Arabie saoudite, pour élaborer un cadre de négociations ultérieures. L'Ukraine n'était pas invitée à ces pourparlers, ce qui a renforcé les inquiétudes de Kiev quant à son exclusion du processus de paix.
Enfin, le 23 avril 2025, lors de discussions à Londres, les tensions entre les États-Unis et l'Ukraine étaient palpables. Donald Trump a accusé Volodimir Zelensky de faire obstacle à un accord avec la Russie en raison de sa position sur la Crimée, déclarant : "Il peut avoir la paix, ou il peut se battre encore trois ans avant de perdre tout le pays".
Conséquences géopolitiques et réactions internationales
La position de Donald Trump a été accueillie favorablement par le Kremlin. Le 21 avril 2025, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a exprimé sa satisfaction face à la position américaine excluant l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, alignée sur la position de longue date de Moscou. Cependant, cette approche a suscité des critiques aux États-Unis. John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, a déclaré : "Trump s'est effectivement rendu à Poutine avant même que les négociations ne commencent"
En Europe, la France et l'Allemagne ont exprimé leur désapprobation. Le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a déclaré que les États-Unis devraient rechercher "la paix par la force" plutôt que "la paix par la faiblesse". Une stratégie qui échoue cependant depuis trois ans, d'autant que l'Europe est peu encline à apporter à l'Ukraine de quoi être forte. Et pour cause : la Russie veille à ce que les pays européens ne deviennent pas des co-belligérants.