Union européenne : ces produits américains seront désormais taxés

L’Union européenne a annoncé, ce mardi 9 avril 2025, l’entrée en vigueur progressive d’un ensemble de contre-mesures tarifaires visant plusieurs catégories de produits américains.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 9 avril 2025 à 15h41
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Le 12 mars 2025, les États-Unis ont réintroduit une série de droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de l’Union européenne, assortis d’une extension à certains produits dérivés. Cette décision fait suite à une proclamation présidentielle datée du 10 février, mettant fin à la suspension des mesures tarifaires instaurées initialement en 2018 et gelées en 2022 à la faveur d’un accord transatlantique temporaire.

Dans la continuité de cette stratégie commerciale, un nouveau train de mesures a été promulgué le 2 avril par décret présidentiel. Celui-ci prévoit l’application d’un droit de douane « réciproque » de 20 % sur l’ensemble des importations en provenance de l’Union européenne, avec un taux transitoire de 10 % appliqué dès le 5 avril. Ces mesures sont justifiées par Washington comme un rééquilibrage commercial, bien que cette interprétation soit contestée par Bruxelles, qui les considère comme contraires aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Une réponse graduée mais structurée du côté européen

En réponse à cette série de mesures, la Commission européenne a dévoilé un dispositif de contre-mesures structuré autour de deux axes. Le premier consiste à réactiver, à compter du 1er avril, les dispositions de rééquilibrage tarifaire adoptées en 2018 et 2020, portant sur environ 8 milliards d’euros de produits américains. Le second volet, applicable à partir du 13 avril, vise une nouvelle liste de biens importés des États-Unis représentant un volume commercial équivalent à 18 milliards d’euros supplémentaires.

Ces contre-mesures ont été élaborées sur la base d’une consultation publique menée par la Commission jusqu’au 26 mars, dans le cadre du règlement européen relatif au respect des règles commerciales internationales. Cette consultation a permis de déterminer les produits pouvant être ciblés, tout en préservant les secteurs stratégiques européens. Les États membres ont été consultés dans le cadre du processus dit de « comitologie ».

Produits visés : une portée économique et symbolique

La liste définitive des produits américains concernés inclut des catégories variées : équipements de loisirs, produits alimentaires transformés, articles de soins corporels, textiles, ainsi que certains biens industriels. D’après les documents publiés par la Commission européenne et les autorités nationales comme la Direction générale du Trésor en France, les motos, le fil dentaire, les jus d’agrumes, la volaille, le maquillage ou encore certains diamants figurent parmi les marchandises ciblées.

Le bourbon américain, souvent mentionné lors des précédents épisodes tarifaires, a été exclu de cette liste. Cette décision fait suite à des préoccupations exprimées par plusieurs États membres, notamment la France, l’Italie et l’Irlande, qui ont souhaité éviter des représailles sur les spiritueux européens.

Le volume total des importations concernées par cette nouvelle vague de droits de douane est estimé à 22 à 26 milliards d’euros, en fonction des critères retenus et des valeurs actualisées des flux commerciaux. L’objectif affiché par la Commission est d’atteindre une proportionnalité économique stricte avec les mesures américaines.

Une logique de dissuasion dans un cadre multilatéral contesté

Si la réponse européenne s’inscrit dans une logique de symétrie, les autorités communautaires insistent sur son caractère temporaire et réversible. Dans une déclaration publiée le 11 mars 2025, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a souligné que ces contre-mesures visaient à « protéger les consommateurs et les entreprises » de l’UE, tout en laissant la porte ouverte à « un dialogue constructif avec l’administration américaine ».

La stratégie de Bruxelles repose ainsi sur une combinaison d’équilibre commercial, de pression diplomatique et de respect du droit international. Le recours au règlement sur l’exécution commerciale permet à l’Union de légitimer ses actes au regard du droit européen, mais aussi d’ancrer sa position dans une volonté de règlement négocié.

Du côté américain, aucune suspension des droits de douane n’a pour l’heure été évoquée, et les mesures adoptées par décret ne prévoient pas de date limite. Le contexte de campagne présidentielle aux États-Unis, avec un discours protectionniste réaffirmé par le président Donald Trump, rend incertaine une éventuelle désescalade à court terme.

Une surveillance accrue des impacts économiques

Au niveau national, les ministères économiques des différents États membres, notamment en France, ont mis en place des dispositifs d’information à destination des entreprises potentiellement concernées. Les services du Trésor français rappellent que les droits de douane imposés par les États-Unis s’appliquent à l’importation sur le sol américain, et non à l’exportation depuis l’UE.

Les effets sur les chaînes d’approvisionnement restent à évaluer, en particulier dans les secteurs liés à l’agroalimentaire et aux biens de consommation transformés. L’incertitude quant à la durée du conflit commercial, combinée à la volatilité des marchés de matières premières, suscite une vigilance accrue chez les opérateurs économiques.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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