Villefranche-sur-Mer, sa rade, sa citadelle, et… son nombre de plus en plus croissant de commerces qui baissent un à un leur rideau. Coup de projecteur sur une dure réalité économique…
La commune d’un peu plus de 5 000 habitants est rentrée, depuis quelques années, dans le cercle des villes records par rapport au nombre de boutiques en tous genres qui ferment.
La mort du commerce annonce la mort de la cité
Le centre-ville ainsi que la vieille-ville se vident jour après jour de leurs boutiques. En se promenant dans les rues, les habitants, les touristes sont forcés de constater le nombre élevé d’enseignes vides. « Bail à céder », « à vendre », « locaux disponibles ». Dans la rue du Poilu, autrefois célèbre artère commerçante de la vieille ville de Villefranche-sur-Mer, de nombreuses vitrines demeurent vides, certaines recouvertes de papier blanc, et les rideaux de fer sont baissés. Certains passants ou commerçants interrogés mettent en cause plusieurs facteurs comme la concurrence déloyale des centres commerciaux situés en périphérie des grandes villes, moins chers et disposant d’un parking gratuit. Ils dénoncent également le commerce sur Internet mais aussi la politique de la municipalité ayant délaissé l’attractivité touristique, compliquant les accès en faisant payer systématiquement le stationnement, et restent inactif lors des départs de commerces de proximité.
Vacance des commerces et des services publics…
L’inoccupation de certains locaux commerciaux est l’un des grands problèmes soulevés par Caroline Beuil, présidente de la FACAR (Fédération regroupant l’Association des commerçants sédentaires de Villefranche sur mer la COSEDEV, l’Association des commerçants et artisans de Saint Jean Cap Ferrat-ACA et l’Association des commerçants et artisans de Beaulieu sur Mer). D’un côté, c’est le coiffeur du centre-ville qui a été remplacé par une agence immobilière et de l’autre, c’est le pressing qui va bientôt fermer ses portes tout comme la librairie presse de l’Octroi. La mort des commerces de proximité semble bien réelle. Le nombre de commerçants de proximité recensés par l’association est en chute libre, sans oublier la disparition des services publics comme la trésorerie publique de Villefranche-sur-Mer, qui doit fermer ses portes prochainement ou encore l’ouverture devenue partielle du bureau de poste — deux fois par semaine aujourd’hui.
Plusieurs solutions sont proposées par la présidente comme « la préemption de certains locaux par la commune afin d’avoir des loyers raisonnables pour de jeunes commerçants ou de nouvelles start-up, adapter l’accueil des clients en proposant des services de livraison à domicile, utiliser à bon profit les moyens mis en place par l’Office de tourisme devenu métropolitain. Mais pour cela, il faut aussi qu’il y ait une certaine attractivité…et nous remarquerons avec tristesse que les guirlandes de lumières se sont faites rares en cette période de festivités de fin d’année. »
La vieille-ville dans un sale pétrin…
L'été dernier, l’annonce de la fermeture de la célèbre boulangerie située rue du Poilu a provoqué un vif désarroi de la part des Villefranchois. Les époux Theraud ont exploité ce commerce pendant plus de trente ans. L’âge de la retraite arrivant à grands pas et plusieurs péripéties sont venues assombrir le devenir de cette activité au cœur de la vieille ville. Le bail venant à expiration le 30 Juin 2014, et compte tenu du loyer modeste versé par les époux Theraud, le nouveau propriétaire décide de le renouveler moyennant une augmentation du prix du loyer. Des procédures sont engagées par les deux parties. Entre-temps, une pétition signée par plus de 200 Villefranchois est envoyée à Christophe Trojani, maire de Villefranche-sur-Mer, afin de trouver une issue favorable au maintien de cette activité à la rue du Poilu. Le premier magistrat de la commune s’empare de ce dossier, reçoit le propriétaire et les boulangers et annonce publiquement lors de la fête de la St Michel, patron des boulangers, que la rue des Poilus conserverait sa boulangerie. A l’issue de cette annonce une réponse écrite est envoyée aux pétitionnaires expliquant que le détenteur des lieux avait émis une condition sine qua non afin de pouvoir garantir la continuité de ce service au sein de la vieille ville, à savoir « la cession par la commune d’un droit de passage pour la desserte d’une propriété qu’il avait acquise » et ceci à titre onéreux.
Christophe Trojani en guerre avec les commerçants ?
Le maire refuse cette requête en expliquant ne pas vouloir céder au chantage étant « garant de l’intérêt général » sans pour autant livrer de plus amples explications à son refus. Mécontent, le propriétaire nous livre sa version des faits : « Lors des rendez-vous prévus avec le directeur de l’urbanisme de la commune et avec le premier magistrat de la ville, qui concernaient uniquement la régularisation du droit d’accès demandé, on m’a précisé que les démarches pour la vente de la parcelle située à proximité de ma propriété étaient entreprises par la Ville, et que le maire souhaitait un peu plus de réflexion là-dessus. Nous avons aussi évoqué le sujet de la boulangerie au cours duquel j’ai indiqué qu’un accord était en cours de finalisation entre les époux Theraud et moi-même ». Mais dès le lendemain du rendez-vous, un courrier de Christophe Trojani lui fait savoir que l’acquisition de la parcelle souhaitée est refusée. Quid de l’accusation de chantage soupçonné ? Le propriétaire reste ferme là-dessus : « Il n’y a jamais eu aucun lien entre la demande de régularisation du droit de passage et la possible fermeture de la seule boulangerie de la vieille-ville ». D’ailleurs, aux dernières nouvelles, un repreneur aurait été trouvé par le propriétaire pour la fameuse boulangerie qui devrait donc bientôt rouvrir ses portes, après avoir baissé le rideau le 12 novembre dernier.