Wikipédia s’est imposée comme une référence incontournable du paysage médiatique. Mais sous son vernis d’objectivité, une mécanique plus obscure se met en place : celle d’une influence politique insidieuse.
Wikipédia : les biais cachés d’un outil influent

Officiellement, Wikipédia est une encyclopédie ouverte, neutre et collaborative. Dans les faits, la plateforme est devenue un terrain d’influence idéologique dont les biais ne sont jamais assumés. Contrairement à un média revendiquant une ligne éditoriale claire, Wikipédia avance masquée, ce qui rend sa manipulation encore plus efficace.
La manipulation feutrée de Wikipédia
Wikipédia n’a pas besoin d’interdire un sujet ou de censurer frontalement une personnalité pour façonner une vision orientée de la réalité. La subtilité de son influence réside dans la hiérarchisation des informations, dans le choix des mots, et surtout dans ce qui est dit… ou passé sous silence.
Prenons l’exemple du traitement médiatique des figures politiques. Le Manhattan Institute, dans une étude récente sur les biais de Wikipédia, a démontré que les personnalités classées à droite sont bien plus souvent décrites sous un prisme négatif que leurs homologues progressistes. Une comparaison entre plusieurs pages de dirigeants permet de constater que certaines critiques sont amplifiées pour certains, minimisées ou invisibilisées pour d’autres.
Sur la scène française, cette tendance se confirme. Wikipédia offre un portrait largement positif de figures comme Emmanuel Macron ou François Hollande, tandis que les personnalités de droite, de Nicolas Sarkozy à Éric Zemmour, voient leurs pages truffées de références à des controverses.
Le biais idéologique ne se limite pas aux individus : il affecte aussi des thématiques entières. Des concepts comme le Grand Remplacement, bien qu’évoqués dans le débat public, sont systématiquement relégués au rang de théories complotistes, une classification qui empêche toute discussion rationnelle sur le sujet. À l’inverse, des mouvements progressistes tels que Black Lives Matter ou Extinction Rebellion sont abordés sous un angle favorable, avec peu de mise en perspective critique.
Un instrument politique sous couvert d’objectivité
Le danger principal réside dans le statut même de Wikipédia. Contrairement à un journal d’opinion, qui affiche clairement sa ligne éditoriale, l’encyclopédie numérique revendique une posture de neutralité. Cette prétendue impartialité lui confère une crédibilité qui renforce son pouvoir d’influence.
Un exemple édifiant est le traitement des médias conservateurs. Valeurs Actuelles, Économie Matin ou encore Causeur sont souvent présentés comme des "médias d’opinion", avec une insistance marquée sur leurs prises de position politiques. En revanche, des titres comme Mediapart ou Libération échappent largement à ce type de classification et bénéficient d’un traitement bien plus indulgent.
Cette asymétrie a des conséquences directes. Wikipédia étant massivement référencée par les moteurs de recherche, toute personne effectuant une recherche sur un individu, un mouvement ou un média se retrouve exposée à une version biaisée des faits. L’encyclopédie libre devient ainsi un filtre idéologique influençant discrètement les perceptions.
Des attaques ciblées, un arbitraire total
Certains contributeurs, bien que se cachant derrière des pseudonymes, disposent d’un pouvoir démesuré sur Wikipédia. Ils arbitrent les pages, sélectionnent les sources et décident du sort de l’information, en fonction de critères opaques. Ce pouvoir n’est pas exercé équitablement : selon les affinités idéologiques des administrateurs, certaines pages seront "nettoyées", tandis que d’autres subiront un véritable acharnement.
Les pages consacrées à certains journalistes ou intellectuels classés à droite illustrent cette stratégie. Eugénie Bastié, pourtant chroniqueuse reconnue et essayiste, est décrite avec une insistance marquée sur son orientation politique, au détriment de ses contributions intellectuelles. André Bercoff, animateur de débats, voit son travail réduit à des accusations de "complotisme", sans nuance ni contexte.
Les conséquences politiques de ces biais sont considérables. Dans un monde où l’opinion publique se forge de plus en plus en ligne, la manière dont un sujet est traité sur Wikipédia peut peser lourdement dans les choix électoraux ou les débats de société. Lorsqu’une personnalité publique est présentée sous un jour défavorable, sa crédibilité s’effrite. Lorsqu’un courant de pensée est dépeint comme une menace ou un danger, il devient plus facile de le marginaliser.