Eric Zemmour : Vos propos sont une insulte à la France

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Par Philippe Bapt Publié le 21 septembre 2018 à 5h00
Eric Zemmour Ardisson Salut Terriens

OPINION

Nous sommes nombreux, observateurs amateurs ou plus avertis, à nous être émus de la triste fin des Guignols sur Canal plus. Mais Vincent Bolloré n'aurait-il pas été seulement visionnaire ?

Outre vouloir vider la chaîne cryptée de tout ou presque ce qui faisait son fameux "esprit", en ce qui concerne les marionnettes en latex, il est à constater que le grand patron a su voir combien la réalité dépasse la fiction.

A chaque époque a certes connu ses forts en gueule, bons clients, tribuns, populistes. Aujourd'hui grâce au double effet de l'importance des réseaux sociaux écrits et vidéos, à la multiplication des médias, le nombre de postulants a cru comme jamais. Et le professionnalisme des nouveaux politiques et autres chroniqueurs n'a d'égal que le naturel désarmant des candidats de la télé réalité.

Bref trop de nouvelles marionnettes et de nouvelles voix à appréhender pour arriver à suivre le flot continue de caricatures de paroles. Pour exemple? Des journalistes qui demandent son avis politique sur la démission de Nicolas Hulot à....Brigitte Bardot! Et pourquoi pas bientôt l'avis de Nabilla sur la supposée candidature de Manuel Valls à Barcelone? Hooo en ces temps de recomposition du féminisme, je pourrais tout autant citer un Kevin ou un Chris des chtis, des marseillais ou autre à qui l'on demanderait son analyse sur la politique diplomatique de Donald Trump...

Bref qu’il s'agisse :

- des intellectuels : Michel Onfray, Raphaël Enthoven, Eric Zemmour, Yvan Rioufol, Elisabeth Levy, Dominique Lordon, Rokhaya Diallo, Alain Finkelkraut, Yann Moix

- des chroniqueurs, à foison, fourni chaque saison par le petit écran : d’Enora Malagré à Roselyne Bachelot, de Benoît Dubois à

- des youtubers : Le Raptor dissident, Alain Soral, Papacito, Usul, Ludo et ses amis de "On va causer"

- des politiques : Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin, Richard Ferrand, Claire O’petit, Danièle Obono, Boris Vallaud, Laurent Wauquiez, Lydia Guirous

- ainsi que les nouveaux êtres médiatiques : Sophia Chikirou, Aude Lancellin,

Voilà, en quelques minutes, rassemblé un nouveau parterre de "guignols" qui n'ont pourtant rien de personnages en latex! D'ailleurs pourquoi cette démultiplication? Car oui je n'écris pas ici, vous l'aurez compris, pour glorifier le grand boss du groupe canal! Tout d'abord l'explosion du nombre de médias. En particulier télévisuels; mais pas seulement. YouTube est d'autres plateformes de partage de contenus vidéos sont devenus de nouvelles sources d'informations pour beaucoup. La défiance envers les politiques et les journalistes étant porteuse, la première impulsion est venue de l'extrême droite avec sa "réinformation" , désormais suivie par son symétrique politique...jusqu'à l'émergence de la webtélé "Le Media".

Mais outre le volet quantitatif, qu'est ce qui fait d'un(e) intervenant un potentiel guignol? Dans ce monde d'anonymat, celui ou celle qui fera le plus de buzz (bruit) sera récompensé(e). Qui se souvient comment Paris Hilton ou même Remy Gaillard se sont fait connaître? Au moins l'un des deux a toujours revendiqué haut sa devise: «C’est en faisant n'importe quoi que l'on devient n’importe qui!". La version américaine l'a instauré en devise marketing. Mais ça, c'était il y a dix, quinze ans. Désormais c'est la surenchère verbale, les approximations, les leçons de vie ou de morale qui prévalent. Asséner des paroles avec un vocabulaire chiadé pour les faire apparaître comme vérités établies. Quelle différence avec les amateurs de bons mots? De réflexions à propos? De subtil humour.

Pour résumer, avant il y avait les religions. Puis il y eut les doctrines politiques, ensuite l’engouement pour les sectes, et aujourd'hui voit l’apparition, dans ce monde d'anonymat médiatique, des influenceurs, nouveau nom des gourous. La case justice étant presque un bon point pour leur aura ; la victimisation jouant alors à plein, son rôle fédérateur. Le pouvoir se mesure désormais en like et nombre de (vrais ou faux) followers. Il en est encore, se réclamant de la vieille école, qui se passent de réseaux sociaux, grâce à leur présence et audience médiatique classique : audio, tv, écrits, conférences.

Et le maitre en la matière, qu’écris-je ? L’être tout puissant, le « maestro es clash pseudo intellectuel qui entretient son business média » est : Eric Zemmour. Toujours prompt à dégainer sa docte logorrhée pour dominer ses débatteurs. Et avec lui, qu’importe la manière pourvu qu’on ait l’audace ! Qu’importe la justice de son cher pays, le modèle législatif pourvu qu’on ait le résultat attendu. Déjà condamné pour provocation à la haine en mai dernier, Eric Zemmour, en pleine promotion de son dernier ouvrage dont le thème est l’habituel : « c’était mieux avant », n’a pas hésité à choquer, «flirter avec la ligne jaune (juridiquement) » comme l’a confessé Thierry Ardisson, dans l’émission « Les terriens du dimanche » du 16 septembre.

En déclarant tout de go à Hapsatou Sy: «c’est votre prénom qui est une insulte à la France » puisqu’il ne provient pas du bon calendrier : chrétien. Et comme à son habitude, il s’est trompé, s’est arrangé avec la réalité des faits : déjà épinglé en 2016 par les décodeurs du « Monde ». La rancœur de cet homme, plus ou moins feinte lui assure une exposition médiatique double :

1/ on parle de lui et il assure une promotion encore plus éclatante de son dernier opus, sur le thème : ceux qui me haïssent, je m’en moque, ceux qui me suivent, je les soigne.

2/ soit il est attaqué en justice et passe pour le caliméro de la réaction, soit il ne l’est pas et trouve les réactions des citoyens hors de propos.

Mais Thierry Ardisson de son côté est aussi gagnant. Lui a fait couper le passage « limite » au montage ;

1/cet accrochage sert l’audimat de son émission.

2/en ne soutenant pas son équipe, ici sa chroniqueuse, il s’assure un plus large audimat samedi prochain, en quête d’un nouveau clash.

Ces stratégies de communications sont d’autant plus huilées que même samedi soir, dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », Enora Malagré, ex chroniqueuse pitbull, avouait à demi-mots la scénarisation des personnages de chaque chroniqueur et des prises de paroles. Mais là où je me sens d’autant plus gêné, c’est qu’Eric Zemmour, lui poursuit son chemin médiatique. De bourreau, il deviendrait presque victime !!!! Dans l’émission « L'heure des Pros » sur CNews mardi 18 septembre, Jean-Louis Burgat, journaliste plus équin qu’équilibré faut croire, n’a eu que mépris tant intellectuel que de classe envers madame Sy et la peine et l’humiliation ressenties en plateau. Défendant son collègue journaliste, il a jugé qu’«elle n'avait peut-être pas assez dans la tête les moyens disponibles pour se défendre. Eric Zemmour est un type qui bosse nuit et jour sur ses bouquins, qui est un intellectuel pur sucre ». Il a poursuivi en assénant, faute de prénom révélatrice en prime : " 'Hafissatou' est une ancienne coiffeuse, qui aujourd'hui s'occupe de produits de beauté, ou je ne sais pas quoi." Ce à quoi le journaliste Pascal Praud a réagi promptement justement et vertement !

Le raisonnement de ce laid-preux journaliste est vicié ! Allons-y franchement : Louis-Ferdinand Céline n’était-il pas « un type qui bossait nuit et jour sur ses bouquins, qui était un intellectuel pur sucre » ? Cela n’empêche pas que cet homme fut un des pires collaborateurs et antisémite durant la seconde guerre mondiale ! Cependant, monsieur Zemmour, vos deux sorties consécutives sur la « honte pour la France » pour un prénom puis vos déclarations sur le présumé limogeage de madame Hapsatou Sy, vous disqualifient un peu plus. Même s’il est vrai que vous êtes un intellectuel, réactionnaire et fier de l’être, vous ne pouvez pas traiter avec autant de dédain, de mépris les citoyens au seul prétexte que vous pouvez ainsi assouvir un je-ne-sais quel besoin de revanche.

Vos sorties sont en outre assorties bien souvent d’arrangements avec la vérité des faits ou d’approximations historiques. Il en va donc de la grandeur de mon pays, de notre pays la France que de n’avoir à plus subir vos propos haineux ou rances et vos leçons de morale pseudo philosophico-politiques. Je sais qu’elle serait votre réponse : encore un tenant de la bien-pensance ; ce à quoi je m’empresserais de vous répondre : lorsqu’on devient pire que sa propre caricature, ou guignol, c’est qu’il est temps d’arrêter. Une des hontes de la France monsieur, ce sont vos propos !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets.Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines.Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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